S'ECOULER - 9
Sur le blog N est paru l'épidode 9 de S'ECOULER. Vous en doutez ? Mais si, regardez en dessous !
{FUIR CAR}
Après avoir poliment
quitter les géniteurs de mon premier amour, je suis discrètement allé faire le
tour de la maison, entourée d’un gazon bien vert ponctué par des jardinières rouges
et jaunes en pleine santé. Je n’ai pas trop pu découvrir l’intérieur de la
maison, à cause des rideaux ringards et usés qui contrastaient singulièrement
avec la classe générale du bâtiment.
Puis j’ai
ressenti l’envie furieuse de marcher alors je suis parti, sans dire au revoir à
personne. L’après-midi touchait à sa fin mais il faisait encore très chaud, et
j’étais tout engourdi. Cela me rappelait les moments où la chaleur me plonge
dans une douce torpeur quand je conduis ma voiture en été. Je crève de chaud
mais j’aime ça, les rayons me bercent. C’est à un tel point que parfois j’en
oublie que je conduis. Je crois qu’à ce moment, je me suis senti bien pour la première fois depuis mon arrivée à
Saint-Malo. Pendant ma marche, j’ai eu l’impression qu’il y avait des bancs
publics sur le chemin tous les cent mètres, et que chacun d’eux affichait des
couples qui se bécotaient avec vulgarité. Cet affichage d’un bonheur outrancier
a manqué de me faire chanceler.
Au bout du
dixième, je n’ai pouvais tellement plus que je me suis assis à côté de deux
homos qui se roulaient des pelles. Ma présence ne les dérangeait visiblement
pas plus que ça. La leur ne me satisfaisait pas quant à moi.
- Alors les pédés on s’aime ?
Le plus costaud a arrêté son
travail et m’a fixé droit dans les yeux. Il s’est levé, a juste répondu
« Oui », et m’a mis un crochet aussi vif que douloureux en pleine
mâchoire. J’étais au sol.
- Ca te pose un problème ?
Comme j’hésitais entre mentir
pour ne pas prendre une volée et ma fierté d’homme, j’ai coupé la poire en deux.
- Un peu...
Après quelques coups de pied
dans le ventre et un peu de vomi sur le sol, j’ai finalement crié :
- Non non, je m’en fous je m’en
fous !
- Connard, a lâché le nerveux,
puis il est allé se rasseoir.
J’ai continué en boitillant sur le chemin du Havre. Je
saignais un peu du nez et les quelques badauds que j’ai croisés s’écartaient
discrètement sur mon passage. J’imagine qu’en plus je puais un peu le vomi.
J’avais l’air d’un toxico probablement. Arrivé sur la plage, je me suis affalé
de tout mon corps qui n’en pouvait plus de se tenir debout. Puis je ne sais
plus.