Sumi M., un docu-fiction qu'il est bien - épisode 1
Voici une anecdote dont la quasi-totalité est véridique, mais somme toute légèrement romancée, car j'avais envie de fiction. Le texte entier étant trop long, je l'ai séparé en trois parties. Chaque partie paraîtra à quelques jours d'intervalle.
Et aujourd'hui, donc, l'épisode un !
J’ai
vécu pendant près d’un an au centre-ville de la bastide Saint-Louis, ainsi
nommée car construite sous ce saint-monarque nonophile. Rappelons que
Saint-Louis et Louis IX ne sont qu’une et seule personne (un peu comme le chat
et le chien de « Michat-michien », excellente série animée de Nickelodeon)
et que « nonophile » pourrait vouloir dire « qui aime le chiffre
neuf ».
Je
dormais et je faisais caca dans un appartement qui stricto sensu n’était pas
mon appartement, pas plus que celui de la fille avec laquelle je partageais
nombre de mes fluides, car celle-ci n’était qu’une misérable locataire sous le joug
étouffant d’un propriétaire de droite richissime (car tous sont les deux à fois).
Juste
en-dessous de ce T1 bis bien isolé et spacieux (mais surtout captieux, car en
réalité le robinet fuyait et les espaces perdus étaient nombreux), vivait une
petite vieille attendrissante.
Quoi
qu’on en dise, les petites vieilles sont rarement attendrissantes, probablement
car elles nous renvoient à ce que la société d’aujourd’hui veut nier,
c'est-à-dire la vieillesse et la mort. Sumi M., elle, ne nous effrayait pas,
car ses yeux bridés et son nez aplati ne constituaient pas le miroir réaliste de notre futur dépérissement. En
effet, jamais je n’aurai les yeux bridés, ni à 30 ans, ni à 100 ans si j’y
arrive, à moins que des hordes de chinois ne nous envahissent et ne nous
obligent par je ne sais quelle odieuse opéation chirurgicale à porter les yeux
tirés comme il est de bon ton dans le pays du chien chaud.
Ne riez pas, c’est dans le champ des possibles. J’ai des fusils plein mon armoire et j’ai commencé les cours d’aïkido.