Un peu d'histoire franco-bretonne
Sur le précédent post, on pouvait lire les paroles d'une chanson du groupe breton culte TRI YANN, chanson intitulée Kerfank 1870
écoutable en intégralité pour peu que votre sagacité vous ait poussé à
appuyer sur le bouton play du lecteur placé en fin d'article... J'ai
jugé utile d'insérer les paroles car elles ne sont pas forcément
aisément accessibles à l'oreille seule.
Je m'en vais vous expliquer plus en détails celles-ci.
Les
gens s'intéressant un tant soit peu à l'Histoire savent que 1870 marque
le début de la guerre franco-prussienne, que la France a perdue, et
même archi-perdue, l'Alsace-Lorraine retourne aux allemands, une
indemnité de 5 000 millions de francs est à payer aux prussiens, etc...
C'est le 4 septembre 1870 que Napoléon III capitule devant Guillaume
Ier de Prusse.
Kerfank, en breton, ça veut dire la ville de boue, et c'est l'Armée de Bretagne, formée des mobilisés des cinq départements bretons, qui y croupit dès novembre 1870. Cette "ville de boue" était un camp militaire situé à Conlie, dans la Sarthe, aux conditions d'hygiène exécrables, et dans lequel Gambetta, alors membre du Gouvernement
de la Défense Nationale, parqua les soldats bretons jusqu'au 7 janvier 1871. Beaucoup y moururent de maladie. Gambetta avait
peur d'un nouvel épisode à la vendéenne (comprendre une poussée
royaliste des bretons). C'est pourquoi, en plus d'isoler l'armée de
Bretagne, il ne leur fournit jamais les armes pourtant promises.
Au début de la guerre le Comte de Kératry qui dirige l'armée, se fait vite demettre de ses fonctions, à cause de la méfiance de Gambetta, et il est remplacé par le général de Marivault qui
se rend bien compte de la situation déplorable de ce camp. Il demande
l'évacuation partielle du camp, refusé par Gambetta qui juge la
situation excellente. Malgré cela, l'état-major fait évacuer lui-même
une partie du camp à la mi- décembre 1870. Gambetta ne donnera son accord qu'une vingtaine de jours plus tard.
Les
19000 hommes restants, intégrés dans la deuxième armée de la Loire,
seront envoyés à la mort lors de la bataille de Le Mans (10 et 11
janvier 1871). Tout simplement utilisés comme de la chair à canon, ils
seront envoyés en première ligne, avec pour équipement des fusils
Springfield rouillés et des cartouches avariées. Le général Chanzy, vaincu, rejettera la responsabilité sur les bretons.
Cet épisode tragique a eu un très fort impact dans l'inconscient breton. Un certain Arthur de la Broderie, rédigea une commission d'enquête, accablante pour l'armée française.
Les
deux premiers paragraphes font allusion à un discours de Marivault, qui
cria à l'armée de Bretagne majoritairement non-francophone, "d'ar ger,
ma général, d'ar ger !" pour louer leur ardeur à partir à la guerre.
Manque de chance, "d'ar ger", en breton, signifie non pas "à la guerre"
mais "à la maison"...
Freycinet, cité dans la chanson, est en 1870 le délégué à la guerre du gouvernement.
Je n'ai trouvé aucune informations concernant un Poléon, pourtant cité au quatrième paragraphe.